Avec la nouvelle vague de contaminations au coronavirus au Sénégal, des voix militent pour la fermeture de l’école afin d’éviter la propagation du virus. Une position rejetée par des acteurs de l’éducation qui proposent d’autres recours pour barrer la route à la Covid-19.
A travers une circulaire datée du 8 janvier et adressée aux inspecteurs d’académie, inspecteurs de la formation, chefs d’établissements et directeurs d’écoles du pays, le ministre de l’Éducation nationale, Mamadou Talla, appelait « à plus de rigueur et de vigilance dans tout l’espace scolaire ». Ce, dans un contexte marqué par l’augmentation des cas de Covid-19. Une situation qui fait penser à une éventualité de fermer à nouveau l’école. Mais pour le Secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saems/Cusems), il est « impensable » de procéder à la fermeture des établissements scolaires, malgré la gravité de la situation.Publicité
En guise d’alternative, le syndicaliste propose l’instauration des journées continues pour réduire les déplacements des élèves. « Là où les élèves faisaient deux aller-retours, dans la journée, je crois qu’on pourrait aller vers ce qu’on appelle les journées continues, ce qui permettra aux potaches, dès qu’ils viennent le matin, de pouvoir tout faire dans la journée et de rentrer aux environs de 15h-16h », a plaidé M. Sène. Pour lui, cette formule permettrait d’éviter les 4 déplacements journaliers des élèves et par conséquent les risques de transporter ou d’être en contact avec le virus.
Le Secrétaire général du Saems/Cusems demande également aux autorités compétentes de veiller sur la limitation du nombre de places et un respect strict du port de masque dans les bus de transport en commun.
Pour sa part, le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Csydep) a rappelé que la décision d’ouverture ou de fermeture de l’école incombe aux autorités étatiques et particulièrement au président de la République. « Même si, constate Cheikh Mbow, la situation est assez complexe et sensible avec le couvre-feu et la nécessité de protéger les personnes âgées, il y a beaucoup d’inquiétudes ».
Il reconnaît toutefois que « les acteurs de l’école, qui représentent un quart de la population sénégalaise, méritent une attention particulière ». A ce titre, M. Mbow a préconisé, comme l’a demandé le ministre de tutelle, « plus de rigueur et de vigilance en dotant les établissements de matériels suffisants pour la protection des pensionnaires en attendant une éventuelle décision de l’autorité suprême ».
« Un acteur de sensibilisation et non un vecteur de propagation du virus »
Car, le directeur exécutif de la Cosydep est convaincu qu’il faut, aujourd’hui, accompagner l’école pour faire face à cette pandémie de Covid-19. « Nous avons mis en avant le concept une école, un bloc sanitaire, un point d’eau, un gardien, une femme de ménage, un dispositif sanitaire complet, une table-banc pour au maximum deux élèves ». Car, insiste Cheikh Mbow, « l’élève ne doit pas être un vecteur de propagation du virus, mais plutôt un acteur de sensibilisation sur le virus ».
Du côté des parents d’élèves, l’on semble moins tranché sur ce sujet. Pour le président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees), « la question de fermer les écoles n’est pas encore à l’ordre du jour ». Abdoulaye Fané ajoute que « ces genres de décisions doivent émaner des propositions faites suite à des concertations avec tous les acteurs de l’éducation comme ça était le cas, le 16 mars dernier ». Cependant, fait-il croire, la tendance haussière des cas et du nombre de morts enregistrés par jour constitue un « indicateur qu’il faut prendre en compte ».
A ce titre, il a appelé à protéger les établissements scolaires. « L’école, c’est un milieu à risques parce que regroupant 97 000 enseignants et 4 000 000 élèves et ces derniers sont, pour la plupart, des asymptomatiques », fait-il constater. Pour Abdoulaye Fané, « la distanciation physique est impossible et le matériel de protection est quasiment absent dans beaucoup d’établissements scolaires. Nous avons également constaté que même certains comités de veille, qui ont été mis en place, ne fonctionnent plus faute d’équipements nécessaires ». C’est pourquoi le président de l’Unapees demande au Gouvernement sénégalais d’équiper les écoles pour que « le protocole sanitaire puisse être respecté ».
Le Soleil